Aujourd’hui, par un temps lumineux, nous avons rendez-vous avec le dragon bleu qui surgira du temple Kiyomizu en début d’après-midi. Parmi la foule se bousculant au bas de l’impressionnante volée de marches que l’animal mystérieux empruntera, nous rencontrons une jeune française d’Avignon étudiant le japonais à l’université de Kyoto. Nous suivons toute la cérémonie en sa compagnie, échangeant quelques propos entre les sons profonds des conques et les claquements secs des plaquettes de bois. L’exaspération de la jeune femme face aux habitudes et aux comportements des japonais a rappelé à Anne-Marie les sentiments éprouvés lors de son séjour prolongé à Taiwan lorsque, sous l’effet de la violence du choc culturel, les manières de vivre de l’autre deviennent insupportables.
Au cours de la discussion, nous comprenons enfin pourquoi de nombreux jeunes louent des habits traditionnels pour déambuler dans la ville. En réalité, au delà de l’aspect folklorique du « déguisement », le port de l’habit permet d’obtenir des rabais à l’entrée des sites touristiques et dans les commerces. Cette idée de marketing astucieuse permet de développer le marché de location de kimono tout en donnant à la cité un petit air traditionnel grâce à des figurants volontaires contribuant même au financement de leur costume de scène.
Le dragon bleu paraît dans la réalité vert à nos yeux, mais pas forcément à ceux des japonais qui n’utilisaient en effet qu’un seul mot pour les deux couleurs.
Bénies sur son passage par l’aspersion d’eau, bave ou larmes, nous ne le saurons jamais, nous nous promenons dans le quartier ancien d’Higashiyama qui, en dépit des nombreuses boutiques destinées aux touristes, garde tout son intérêt grâce au charme des maisons en bois et à la présence de temples entourés de délicats jardins.
À la tombée de la nuit, les lanternes du festival de printemps Hanatouro illuminent les ruelles, incitent à la balade et invitent à pénétrer dans les temples ouverts pour la circonstance. Au Kodaiji, nous passons un long moment à admirer le spectacle son et lumière animant le jardin zen.
C’est une BD …
Bises