Janvier 2019

Une des raisons qui nous fait aimer Kyoto, c’est la multiplicité et la diversité des quartiers où il fait bon se perdre sans jamais se lasser.

A chaque jour une balade intéressante, à chaque coin d’une grande avenue, il suffit de choisir une ruelle pour goûter un peu à la vie quotidienne des gens en rencontrant un petit commerce du quartier, une pâtisserie, un temple, des pots alignés le long des façades en guise de jardin, les gestes mesurés des conversations entre voisins, l’accumulation des récipients pleins d’eau qui en disent long sur les risques d’incendies des maisons en bois.

Plus encore que les rues historiques, soignées mais aussi très touristiques de Gion ou de Higashiyama, nous préférons les quartiers où il ne se passe peut-être rien de spécial mais qui présentent à nos yeux une part d’étrangeté qui nous intrigue et nous questionne.

Nous parcourons le chemin de la philosophie qui court le long d’un canal bordé de cerisiers dont l’absence des fleurs explique sans doute la solitude bienvenue de cet hiver, en contraste avec la foule qui s’extasiait lorsque nous nous y promenions en avril. Nous avons ainsi tout loisir d’observer les troncs tourmentés de ces arbres vénérés, de tenter d’apprivoiser quelques matous passant par là et d’admirer les petites maisons se lovant là au pied de la montagne boisée.

Nous rentrons dans un petit restaurant avec vue sur le canal et étrangement désert à l’heure du repas. Nous engageons la conversation en anglais avec le patron jusqu’à ce que la reconnaissance de nos accents réciproques nous ramène à notre langue maternelle. Ce français époux d’une japonaise et père de deux petites filles nous raconte son expérience de vie ici. Il nous fait part de son enthousiasme pour les méthodes d’enseignement de l’école de ses filles. Nous échangeons nos impressions de voyage au Japon et quelques bonnes adresses. Il nous raconte que son apprentissage de la langue japonaise progresse bien mais que la barrière culturelle demeure un frein sérieux. Il se questionne : « Ferais-je le pas de côté qui me forcerait à penser autrement, comme un Japonais ? Je ne suis pas sûr de vouloir le faire. ».

Comment résumer mieux le ressenti d’étrangeté ?