Janvier 2019
En visite au domaine prospère de la renarde

Après seulement dix minutes de trajet en train, un grand « Torii » vermillon face à la gare, signale aux visiteurs, nombreux en ce dimanche, l’entrée du temple d’Inari dédié à la déesse renarde qui tient dans sa bouche la clé du grenier à riz. Si, pendant une dizaine de siècles, les dévotions visaient à garantir la prospérité agraire, aujourd’hui, à voir les noms des grandes industries et entreprises gravées sur les dix mille « Torii » jalonnant le chemin menant au sommet de la colline, il ne fait plus aucun doute qu’il s’agit ici de récolte financière à protéger.

Au début du chemin nous marchons en procession, nous arrêtant lorsque le groupe devant nous s’immobilise un moment pour pouvoir cadrer, sans trop de figurants, la perspective de l’allée de portiques ondulant dans la forêt. De temps en temps, nous filons sur un chemin de traverse menant à une forêt de bambous ou à un sanctuaire modeste, sans amulettes ni gris-gris à vendre, ce qui détonne ici.

A mi-parcours, une esplanade, où boutiques de souvenirs et gargotes se disputent la vedette à la vue sur la ville, marque la fin du défilé incessant. A partir de là, la pente s’accentue, la forêt devient plus profonde, les sanctuaires plus moussus, nous nous concentrons sur notre souffle et entrons presque en méditation. Finalement Inari, au-delà de la réussite économique du temple, favoriserait l’accès à une forme de spiritualité.

Quand le voyage finit par importer plus que la destination

Destination Kobe pour visiter le musée préfectoral d’art de Hyogo de l’architecte Tadao Ando. Nous maîtrisons les numéros de quai de gare, les changements de train, la promenade vers le port jusqu’à ce que les portes closes du musée nous défient. Voilà, il ne nous reste plus qu’à regarder les gens courir au bord du quai, à admirer la vue, à contempler le bâtiment et à prendre la décision de nous rendre au château d’Himeji. Et, c’est là que l’aventure commence…

Train local après train local, nous ne savons pas tout à fait où nous allons, mais nous prenons place dans le wagon de tête, avec vue sur la conductrice et ses gestes ritualisés, presque théâtraux qui nous intriguent et nous amusent beaucoup. Ce voyage inattendu nous offre quelques surprises lorsque nous nous arrêtons au bord de la plage d’une station balnéaire ou lorsque nous nous retrouvons en rade dans une gare inconnue, inconscientes d’être les dernières passagères jusqu’à ce qu’une femme nettoyant le wagon nous en déloge et nous indique le train pour Himeji.

Arrivées à destination, nous flânons dans la longue allée couverte menant jusqu’au château, scrutant les échoppes, surtout celles de nourriture qui demeurent définitivement un centre d’intérêt pour nous. Après un plat de nouilles avalées en vitesse, nous prenons la direction du fameux château de Himeji à l’élégante silhouette blanche perché sur la colline. A peine à l’intérieur de l’enceinte, nous réalisons que nous allons nous émouvoir devant ce monument classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en compagnie de milliers d’autres personnes attirées comme nous par un des plus fameux châteaux fortifiés en bois du pays.

Dotées du livret d’explications fourni à l’entrée, nous tentons de repérer, à travers la foule, les objets ou les éléments d’architecture mentionnés. A partir d’un certain moment, des barrières sont mises en place pour contenir les gens et assurer la fluidité de la visite. Aux problèmes de circulation, vient s’ajouter la gestion des babouches qui ont tendance à prendre leur indépendance dans les raides escaliers du donjon. Finalement, c’est pieds nus, savates à la main que nous suivons le flux organisé des visiteurs, en attendant de pouvoir contempler le château « du héron blanc » de l’extérieur.

Saturées de surprises, nous regagnons Kyoto en train direct.

Dernières impressions au Japon, Uji

Nos valises déposées à la réception de l’hôtel, nous prenons le train vers Uji, ville historique avec quelques temples à visiter, quelques ruelles où traîner, une rivière à longer et des magasins de thé fameux. Voilà de quoi déguster une dernière lampée japonaise avant notre retour à Genève.

Nous commençons par nous rendre au fameux temple bouddhiste Byodo-in, posé sur un îlot dans un étang qui le reflète avec grâce. Nous l’admirons sur toutes les coutures en attendant la visite guidée de vingt minutes que nous trouvons longues, à écouter les commentaires en japonais sur des statues que nous peinons à voir dans l’obscurité du hall du Phénix et tout cela, en chaussettes sur le sol glacé. Mais, nous nous faisons discrètes et nous nous appliquons à suivre la chorégraphie des mouvements de têtes sans trop savoir ce que nous sommes censées observer.

Une pause avec thé vert traditionnel et pâtisseries délicates nous requinque pour la visite du musée retraçant l’histoire du temple et qui expose statues et peintures somptueuses avec parfois quelques commentaires en anglais.

Nous regagnons les bords de la rivière Uji pour une petite promenade, puis nous la traversons pour gagner un autre temple shinto, cette fois-ci.

Nous terminons la journée en déambulations, repas simple, achat de thé avant le retour à Kyoto et le départ pour l’aéroport.