Tout en conduisant à une vitesse qui nous apparait vertigineuse sur des pistes sablonneuses qui nous semblent maintenant presque familières, Yermo nous explique que la saison des vaches va bientôt commencer. Nous voilà presque rassurées, cette région, en dépit des chemins toboggans et de la température étouffante, se révèle après tout vivable. Lorsque, notre chauffeur freine brusquement, descend du véhicule, ramasse un bâton pour écarter délicatement le serpent en train de traverser la route, l’éventualité de la présence de ruminants ne suffit plus à nous tranquilliser.

Après quelques heures de cahots, nous débarquons parmi les collines bariolées de « White Pocket » dont le paysage s’écrit en roches tout en contraste : chaotiques, tourmentées et en même temps géométriquement ordonnées, blanchâtres mais aussi colorées en jaune, rouge, ocre, lisses et rugueuses, arrondies et protubérantes.

Notre guide trace son chemin dans cet écrin, nous donnant à admirer des points de vue soigneusement choisis pour mettre en valeur cet endroit qu’il appelle son bureau. Chaque détour dévoile une perspective nouvelle, des formes inconnues ou des arrangements inédits comme si la nature s’était acharnée à produire le meilleur spectacle dans ce petit espace, un peu à la manière d’un jardinier japonais. A le suivre ainsi, de surprises en éblouissements, nous en sommes tout étourdies.

 

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Pour nous reposer le regard, nous nous attardons sur des détails, des concrétions de fer, des formes dessinées par des lichens, un lézard aimanté par le regard de Yermo, un tapis de mousse s’accrochant au versant nord d’une roche rouge, un pin Ponderosa à la présence incongrue, comme si nous étions à la recherche de traces de vie pour animer ces matières minérales si fascinantes mais aussi très impressionnantes.

 

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Nous nous remettons de nos émotions par un pique-nique à l’ombre bienvenue d’un gros bloc de roche avant d’affronter les soubresauts du chemin du retour. Lorsque nous rejoignons notre « Grand » sur l’US 89, nous parcourons encore quelques kilomètres pour effectuer une dernière balade. Hélas, les formations rocheuses colorées en forme de champignons géants peinent à nous faire planer après le festival de White Pocket.