Atterrir sur une plage du Parc National de Katmai, se mettre en file indienne, marcher silencieusement, s’asseoir sur des troncs d’arbre mort sur les berges d’un estuaire de rivière en tournant le dos à la plage, et soudain devant nos yeux, trois ours bruns (une mère et ses deux petits de deux ans) pêchant le saumon dans la rivière à une centaine de mètres s’offrent à nos yeux. Les jumelles permettent d’observer les têtes enfouies dans l’eau, les coups de pattes. Peu à peu, les animaux apparaissent avec de plus en plus de détails et font presque peur malgré la présence de deux rangers prêts à dégainer des feux d’artifice en cas de danger; ils deviennent bien visibles, même sans jumelles, ils sont vraiment près. À observer leurs interactions, leurs déplacements, le temps passe sans que l’on s’en rende compte.

A peine disparaissent-ils dans les buissons que surgit un ours mâle qui se met aussi à pêcher. A sa suite, arrive une très grosse femelle qui revient, tranquille et majestueuse, de sa pêche aux palourdes.

Juste avant de partir, il nous est donné d’observer encore la sieste d’un gros ours indifférent aux objectifs des photographes agenouillés à une vingtaine de mètres, prêts à mettre en boîte de précieuses images si difficiles à obtenir ailleurs. Lorsqu’une mouette l’agace un peu trop, il se réveille brusquement et se redresse. Sans les consignes du ranger de ne pas bouger, nous nous serions levées tellement nous étions surprises par les mouvements vifs et rapides de ce gros animal.

 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Nous avons aussi appris quelques éléments sur la reproduction des ours : l’accouplement, ou plutôt les accouplements puisqu’une femelle s’accouple avec plusieurs mâles, ont lieu en avril et la fécondation a lieu à ce moment-là. Mais ce n’est qu’au moment de l’hibernation que la nidation de 0 à 4 œufs fécondés se produit, le nombre d’embryons qui se développent dépendant de la quantité de réserves que la mère a pu accumuler pendant la belle saison. Ainsi en 2015, il n’y a eu aucune naissance dans la région de Hallo Bay.

Nous nous sommes entraînées à décoder l’état d’esprit des ours en fonction de la position de leurs oreilles : droites, elles indiquent que l’animal est calme ; dirigées vers l’arrière, elles marquent l’énervement.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Dans l’avion qui nous ramène à Homer en survolant un paysage majestueux mais presque inquiétant de montagnes enneigées, de glaciers glissant dans la mer et d’îlots déserts, nous frissonnons certes des émotions fortes et des images extraordinaires qui nous habitent encore, mais nous réalisons aussi que nous avons effectué avec quelques touristes chanceux une simple balade au jardin des ours.