Eté 2018

Ce matin, nous avons rendez-vous avec une ranger pour une balade accompagnée vers le lac Iceberg. Lorsque nous rejoignons la coursive en bois du Motor Inn, une trentaine de touristes attendent déjà le départ. A peine les présentations terminées, nous empruntons un sentier forestier qui démarre sec. Le rythme rapide de la longue colonne nous met à rude épreuve. L’écoute du souffle des voisins nous permet de vérifier que nous ne sommes heureusement pas les seules à souffrir. Le doute s’installe quand même, ne vaudrait-il pas mieux revenir sur nos pas ?

A la première pause, la guide nous annonce que le plus dur est derrière nous. Ainsi, c’est avec un peu plus de confiance que nous repartons à la queue leu leu sur un chemin en pente douce avec vue dégagée sur le Mont Wilbur, poteau indicateur pour le lac Iceberg niché à ses pieds.

Aux détours du sentier, lorsque la visibilité se réduit, nous bénéficions des « clap-clap » et des « oh-ah-yoo » sonores émis par notre guide en tête de peloton, nous mettant à l’abri d’une rencontre indésirable avec un grizzli. Même l’observation des griffures profondes marquant certains troncs d’arbres au bord du chemin ne nous fait pas trop frissonner.

A mi-parcours, nous atteignons les fracassantes chutes d’eau Ptarmigan après une heure et demi de marche ; nous réalisons alors que nous comptions sur une durée de trois heures pour l’aller-retour, alors que ce temps correspondait à la simple course… Les quatre barres de céréales et le litre d’eau paraissent tout à coup bien légers dans notre sac à dos !

Au sortir de la forêt, la montagne s’est rapprochée, nous avons gagné en altitude et nous cheminons à flan de paroi à travers une prairie éclairée de la multitude des têtes blanches ébouriffées des herbes d’ours. Au bout d’un moment, nous traversons une vaste plaque de neige avant de retrouver, de l’autre côté, un sol couvert d’herbes rases égayées de petites fleurs discrètes. Encore un petit effort pour la dernière grimpette vers l’arête, avec vue sur le chemin au bas duquel un bout du lac se dévoile dans un décor de parois rocheuses aux couches délimitées par la nuance de leurs coloris.

C’est là, au bord de l’eau, que nous dégustons les barres de céréales particulièrement savoureuses aujourd’hui, en contemplant la blancheur des quelques icebergs aux reflets bleutés. Nous tentons de repérer les taches claires des chèvres de montagnes dans ce décor aux teintes grisâtres, tout en réfléchissant au circuit touristique que nous pourrions suggérer à notre voisine de pique-nique désireuse de passer une semaine en Suisse.

Au bord du lac, notre guide effectue quelques prélèvements d’eau avant de s’en aller nettoyer les toilettes sommaires dissimulées un peu plus haut. Ses tâches accomplies, la voilà prête à s’en aller, accompagnée des quelques-uns qui, comme nous, ne constituent pas le groupe de 4 indispensable sur les chemins que les ours fréquentent aussi.

Nous voilà reparties pour une descente au pas de charge qui nous ramène à Many Glacier, un peu plus fourbues que prévu mais plus enchantées aussi, riches de nouvelles connaissances sur la faune et la flore, et un peu plus expertes en stratégie de cheminement au pays des ours.