La nuit, vue d’avion, Las Vegas se fait magique, un festival de lumières colorées au milieu du noir. A peine débarquées de la navette, le gigantesque hall de l’hôtel New York New York avec ses tapis rouges et ses queues de clients nous donne déjà à voir le gigantisme du tourisme de masse faisant tourner la machine à billets de cette ville au milieu du désert. Pour regagner l’ascenseur, nous traversons les ruelles de New York du milieu du XXe siècle, bordées de bâtiments miniatures en toc ouvrant sur des restaurants à hamburger fleurant bon la friture ou sur des salles peuplées de machines à sou qui rivalisent de cliquetis sonores, de flashs lumineux et de bruitages synthétiques extravagants pour attirer les éventuels joueurs. Quelle débauche de sons et de lumière pour les rares passants arpentant cet endroit au charme incertain.

Le lendemain, en visitant quelques grands hôtels-casinos, nous avons l’impression d’une gigantesque fête foraine dont tous les clinquants n’arrivent pas à cacher la tristesse des attentes déçues. L’observation des gens buvant et fumant frénétiquement autour des tapis verts, misant quelques milliers de dollars, suspendus quelques instants à l’espoir du gain, nous effraie et nous enlève toute envie de jouer, même pour essayer. Nous nous sentons bien mal à l’aise dans cette cité où tout se confond, le jour avec la nuit, l’agitation avec la joie, le vrai avec le faux, où tout n’est que tromperie, des gondoles qui voguent mais ce n’est pas Venise, les gratte-ciels de New York qui ne mesurent que quelques mètres, des centurions romains qui ne gardent que l’entrée des salles de jeux.

Au détour d’un des corridors infinis où tout se vend, nous découvrons avec stupéfaction, au milieu d’un restaurant, une grande tour vitrée remplie de bouteilles. C’est équipé d’un baudrier que le sommelier escalade la cave pour ramener au client le vin choisi. Décidément, à Las Vegas, rien ne se déroule comme ailleurs ; ici, les bouteilles ne sortent pas de la cave mais tombent du ciel.

La juxtaposition de la brillance du luxe affiché et des décors tape-à-l’oeil, la cohabitation des touristes absorbés dans une consommation frénétique et des personnes démunies sur les trottoirs, provoquent une sensation permanente de malaise. Cette ville conçue pour faire rêver, ressemble plutôt à un cauchemar dont nous ne pouvons sortir qu’en la quittant.

En route vers Kanab, une halte à Valley of Fire State Park nous permet de découvrir des formations rocheuses flamboyantes aux formes extravagantes et, nichés au sein d’un canyon, quelques pétroglyphes à faire tourner la tête. À moins que la chaleur écrasante qui y règne (41o C) et le décalage horaire n’y soient pour quelque chose !

A l’arrivée, la maison bigarrée, bricolée avec soin ressemble à un joli nid qui nous va bien après toutes les effrayantes excentricités de la ville des casinos.

 

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