Si nous n’avons pas beaucoup dormi la veille de l’excursion sur le mont Ruapehu, ce n’est pas par peur de nous égarer puisqu’un guide tracerait le chemin parmi les éboulis et les blocs de lave, ce n’est pas non plus par crainte du réveil du volcan puisque les capteurs sismiques n’indiquaient rien de tel, mais, plutôt en raison de quelques sourdes appréhensions. Nathalie se questionnait sur le confort de ses chaussures à la descente et sur sa capacité à affronter le vertige lors de la marche sur l’arête ; Anne-Marie se demandait si sa résistance physique lui permettrait de suivre le rythme du groupe et d’atteindre le bord du cratère.

Au petit matin, emmitouflées dans nos vestes, nous observons nos compagnons de route et tentons d’évaluer leur niveau de forme en souhaitant secrètement ne pas être celles qui ralentiraient le groupe. La présence d’Annie, australienne fraichement retraitée et pas tout à fait bien équipée pour une randonnée alpine, dont elle déclare d’ailleurs avoir peu l’expérience, nous rassure. Avant de se mettre en route, notre guide Hari adresse en Maori une incantation au volcan pour notre sécurité. En suivant ses traces dans un environnement minéral chaotique sans réel point de repère, nous progressons lentement et péniblement, coincés entre le bleu de l’azur où pointe l’arête à atteindre et la mer de brouillard qui semble vouloir monter aussi.

Lors des courtes pauses, nous reprenons notre souffle en écoutant les explications circonstanciées de Hari sur l’histoire du parc national de Tongariro, sur les formations géologiques environnantes et sur les légendes maories attachées à ces lieux. Le crapahutage à travers les blocs noirs ou rouges, suivi de la progression sur une pente raide recouverte de gravillons poreux roulant sous nos pas, ne nous prépare pas au paysage alpin étrange et merveilleux qui se dévoile depuis le bord du cratère.

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En cheminant avec précaution le long de l’arête, nous atteignons le Dôme qui domine un lac acide gris-bleu dans un écrin de roches colorées et de glace. Nous nous installons, nous prenons le temps de manger, de contempler ce paysage extraordinaire et de nous étonner de toute cette énergie géothermique en attente sous nos pieds.

Nous nous engageons sur le chemin du retour, soulagées d’être arrivées en haut et prêtes à examiner la matière minérale qui nous entoure tout en observant la plaine apparaissant à travers le brouillard qui se dissipe. L’effort moins soutenu de la descente nous incite à la causette et nous permet de partager impressions et expériences de voyage avec Ursula et Hans, un couple du Liechtenstein, partis depuis septembre 2014 pour un tour du monde à la voile.

Sur les pentes du Ruapehu, nous avons trouvé neige et rochers, mais aussi un guide imprégné de sa culture maorie et deux voyageurs passionnés.

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