Les sentiers du Tongariro ne conduisent pas vraiment quelque part, mais donnent toujours à voir en route quelque chose de la nature généreuse et inquiétante de cette région volcanique, terre sacrée, tapu, qu’un chef maori offrit à la Couronne britannique en 1894 pour la protéger de la parcellisation et constituer le cœur du parc national d’aujourd’hui.

Sur les sentiers d’en bas, les chants des oiseaux, se superposant aux stridulations sonores des insectes, animent la forêt où se mêlent hêtres, fougères et arbustes tropicaux. Au sol, des mousses délicates utilisent toutes les nuances de vert pour dessiner des jardins miniatures rendant la promenade légère aux jambes fatiguées. Au détour du chemin, sous les feuillages, coule une discrète rivière à la fascinante couleur dorée. À quelques pas de là, sur des passerelles en bois bien agréables à nos pieds, nous scrutons les flaques d’un marécage à la recherche d’homards d’eau douce ; nous n’y trouvons que le reflet du volcan. Soudain, la rivière se fait blanche dans les rapides Silica, les bien nommés, qui exposent leur couleur de silicate d’aluminium.

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Les sentiers d’en haut ne laissent pas de trace au sol, ils se marquent dans le ciel lorsque nos yeux suivent les piquets indiquant le chemin à travers le champ de lave. Ici, rien n’arrête le regard qui se perd jusqu’au prochain volcan pointant au loin. À nos pieds, des végétaux plutôt extravagants tapissent en catimini le moindre espace abrité du soleil ou du vent. Nous nous installons sur une sorte de promontoire et contemplons les changements de luminosité mettant en évidence peu à peu les reliefs des coulées de lave figée et la couleur ocre des formations rocheuses sur les flancs du volcan. Rassasiées de soleil, de vent et de lumière, nous prenons le chemin du retour.

Au mont Ruapehu, nous nous sommes immergées dans les forêts denses, nous avons lévité sur les champs de lave chaotiques et avons survécu à la marche vers le sommet tapu.

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