Pour nous rendre au Parc National de Kahurangi nous nous étions préparées aux quelques kilomètres de piste gravillonnée en pente raide, mais nous n’étions pas du tout certaines que la voiture l’était. Tout au long de la montée, pas question de s’arrêter ni d’échanger un mot, seule compte l’écoute attentive du moteur à la peine.

L’arrivée ne nous délivre pas tout à fait, le retour forcé par le même trajet ne nous inspirant guère confiance. Malgré tout, nous nous mettons en route sur un confortable chemin ombragé à travers une forêt de hêtres abritant des somptueuses fougères et des exubérants buissons ananas. En nous élevant, nous continuons à nous approcher de la limite des arbres qui semble fuir devant nous ; nous avons l’agaçante impression qu’il suffirait de nous élever de quelques mètres pour découvrir le panorama et nous nous demandons si cette randonnée méritait le risque d’abimer notre véhicule.

L’arrivée à la cabane du mont Arthur, camouflée dans une clairière, ne nous donne guère plus à contempler que deux wékas traquant avec obstination les miettes qui pourraient s’échapper de notre en-cas. Après cette pause, quelques minutes d’effort suffisent à nous offrir une large vue sur les montagnes vertes et la baie de Tasman, ce qui déclenche des reflexes photographiques variés : panorama, retardateur, choix d’arrière plan. Plus tard, un sentier nous conduit joyeusement vers les hauteurs en longeant une crête qui permet à notre regard de voyager d’un côté à l’autre, sans nous donner d’indice sur la descente difficile à venir.

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Soudain, la végétation devient plus dense, le soleil plus timide, la pente s’inverse et les hêtres étalent leurs racines encombrantes sur le raidillon censé nous amener à la cabane Flora. La progression nous paraît de plus en plus pénible et le temps commence à s’étirer, un peu trop à notre gout. Seules les visites surprises de quelques oiseaux sonores parviennent à distraire l’attention de Nathalie de ses crampes aux pieds engendrées par des chaussures peu collaborantes.

La vue du cabanon dissipe notre crainte de nous être égarées ; le large chemin nous rassure sur la possibilité de retrouver la voiture. Contre toute attente, nous parcourons sans encombre la route du retour, à petite vitesse et à grand frein.

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