Munies de nos passeports et d’un permis spécial, nous nous présentons à la porte de la Villa impériale de Katsura, se nichant depuis quatre siècles au bord de l’étang d’un somptueux jardin. Bon nombre d’architectes contemporains ont été inspirés par la simplicité de ses structures, la flexibilité de ses espaces et son intégration réussie à l’environnement, révélant toute sa modernité.

L’attitude militaire du guide s’adressant à un groupe de japonais l’écoutant sans broncher nous laisse songeuses ; nous commençons à douter, pourrons-nous prendre le temps de contempler le jardin ? L’audio-guide sur l’oreille, nous voilà insérées dans la file des visiteurs marchant rapidement et en silence d’un point d’intérêt à l’autre. De temps en temps, nous pouvons admirer les matériaux et l’architecture ingénieuse des maisons de thé, tout en profitant des vues changeantes sur les ponts, l’eau, les lanternes et la végétation du jardin lors des arrêts prévus au programme. Notre guide déclame alors d’une voix forte et d’un ton martial ses commentaires en japonais, sans aucune interaction avec le public attentif, dans une ambiance guère propice à la méditation que le cadre de ce lieu pourrait susciter. La tactique de se placer à la fin de la procession pour grappiller quelques moments tranquilles est bien vite mise en échec par l’intervention du garde qui, à l’arrière, garantit le respect du rythme de la visite.

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Au palais impérial de Kyoto, mêmes conditions, mais dans une ambiance tout à fait différente en raison de l’attitude d’une guide japonaise maniant l’humour avec subtilité et suscitant les questions des auditeurs. Ainsi, sans tension, nous découvrons l’architecture imposante du palais impérial et l’immensité des cours de gravier que quelques jardiniers patients s’échinent à désherber à la main.

Au château de Nijo, le passage au-dessus des douves et à travers les murs d’enceinte indique au visiteur aujourd’hui encore que, dans cet édifice, régnait le pouvoir militaire du shogun. À l’intérieur du palais, dont les bâtiments se déclinent le long du jardin, l’ordre hiérarchique s’inscrit partout, de la position surélevée de la pièce réservée au shogun aux peintures différentes des salles de réception variant selon le rang des visiteurs. Ce château revêt une importance historique particulière car, en 1867, il fut le cadre de la restitution du pouvoir gouvernemental à l’empereur par le shogun, marquant ainsi le début du Japon moderne. Nous avons la chance de le visiter à notre guise, accompagnées d’un audio-guide, tout en respectant le sens du parcours, bien-sûr.

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