Une excursion à Coyote Buttes South se mérite, il s’agit d’obtenir un permis et de trouver un moyen de s’y rendre malgré les chemins accidentés et ensablés où nous n’envisageons, pas un seul instant, de nous lancer seules. Notre guide Yermo nous conduit ainsi avec une maestria héritée de ses expériences antérieures de pilote de course ; nous, nous nous contentons de nous accrocher fermement à nos sièges, ébahies par le paysage semi-désertique et rassurées par la vision des colonnes de sable levées au loin par un véhicule nous précédant.

Lorsque Yermo se parque sur le bas-côté, c’est avec plaisir que nous marchons sur ses pas à travers les buissons parfumés d’armoise à la découverte de restes archéologiques amérindiens, des tessons de poterie, des pointes de flèches qu’il débusque pour nous. Au pied d’une paroi recouverte de pétroglyphes, tout en fumant une cigarette, il prend le temps de nous raconter ses liens avec certaines tribus indiennes et ses années passées à excaver cette région avec des archéologues. Le retour à la jeep s’effectue en songeant à tous les occupants de cette terre aujourd’hui déserte. Le reste du chemin se parcourt soit à une vitesse effrayante sur les parties sablonneuses, soit très lentement lorsqu’il s’agit de gravir de grands rochers posés en travers du chemin. Nous ne nous arrêtons que pour ouvrir, de temps en temps, une barrière attestant la présence de troupeaux à certaines périodes de l’année et, une fois, pour porter assistance à un jeune homme désemparé, bien ensablé avec sa voiture de tourisme, et à qui Yermo ne manque pas de faire une remontrance ma foi bien ironique.

Lorsque nous arrivons à Cottonwood Cove dans la zone de Coyotes Buttes South, il est midi et le soleil nous cloue presque sur place. Nous sillonnons le terrain sablonneux, hérissé de buissons verts, de quelques rares mais brillantes fleurs et d’herbes folles, qui nous mène à un décor de rochers aux formes et aux couleurs extraordinaires.

 

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Yermo nous y guide, choisissant un tracé allant crescendo d’étonnements en émerveillements. Oubliée la chaleur terrassante, place à la stupéfaction, au rêve, à la méditation. Notre imagination s’emballe à la vue de certaines roches donnant à voir, par la sinuosité de leurs strates, le sens des vents ayant soufflé autrefois sur des dunes de sable devenues grès aujourd’hui, et, par les traces colorées, la forme des vagues qui les ont alors baignées. Les flaques, restes des dernières pluies, nous poussent à nous allonger tout près de l’eau pour saisir, lorsque le vent disparaît, le paysage et son reflet parfait dans le miroir aquatique.

Après un roboratif pique-nique à l’ombre d’un arbre, nous quittons le site, presque enfiévrées, sans nous douter que la soirée prévue par Yermo allait nous réserver bien d’autres surprises…

 

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