Pour rejoindre Osaka, nous avons passé huit heures dans un wagon, dont six à attendre à quai que la tempête immobilisant les trains se calme un peu, dans une incertitude entretenue par les annonces exclusivement en japonais.
De la fenêtre de notre hôtel, nous observons tôt le matin les rues se remplissant de cohortes de femmes et d’hommes, tous en vêtements stricts de couleurs neutres, attestant de l’importance économique de la ville et de sa nature industrieuse.
En sortant, la pluie nous amène dans les rues marchandes couvertes où la mode originale et la marche à droite sur les trottoirs expriment la liberté affichée des habitants et leur volonté de se démarquer de leurs voisins de Kyoto. Ici, comme ailleurs au Japon, l’abondance, la variété des biens proposés et la folie acheteuse omniprésente témoignent d’une certaine forme de richesse. Au milieu des passants circulent les odeurs variées de tous les plats cuisinés offerts à chaque coin de rue de cette cité renommée pour sa gastronomie.
Loin de l’agitation, au Musée national d’art, nous découvrons les photographies stupéfiantes de l’enfant d’Osaka, Yasumasa Morimura qui, en se déguisant, incarne une série de peintres et cherche à exprimer la quintessence de la force créatrice de chaque artiste par une mise en scène élaborée. Si ces représentations presque surréalistes parlent un peu d’art, elles témoignent surtout de la douce folie de leur génial auteur et interpellent le spectateur qui sourit, fronce les sourcils, revient vers l’œuvre ou détourne le regard, et ne reste pas indifférent.
En rentrant, la vue des images impressionnantes des tremblements de terre de Kumamoto et la lecture d’articles de journaux évoquant les inquiétudes de sismologues nous font renoncer à la suite de notre voyage dans le sud du Japon et décider de rejoindre Tokyo.