Eté 2018

Malgré l’heure matinale, le trafic sur la route sinueuse menant au lac Moraine nous fait craindre le pire : devrons-nous rebrousser chemin faute de place sur le parking de ce fond de vallée ? Par chance, nous réussissons à poser la voiture et nous rendons tout de suite sur le chemin qui longe le lac, pressées de retrouver nos émotions d’il y a sept ans. Nous nous régalons de l’odeur du sol mouillé et de la senteur épicée des résineux, nous tentons de capter les reflets des pics environnants sur le plan d’eau sans rides et nous prenons des selfies aux mêmes endroits qu’autrefois, rassurées par le passage des gens.

Nous nous questionnons sur la stratégie à adopter pour nous rendre au lac Consolation puisque les panneaux recommandent « bear spray », ce que nous avons, et la marche par groupe de quatre ! Nous nous postons au départ du sentier, histoire de surveiller la circulation pour décider si nous y allons ou pas. Lorsqu’un groupe d’une dizaine de personnes, sous la houlette d’un ranger, emprunte le chemin, nous leur emboitons le pas, mais rapidement les arrêts prolongés nous poussent à les dépasser, advienne que pourra. Nous progressons dans une forêt dense pas vraiment convaincues de nos « hop-hop-hop » censés éloigner les ours. A chaque rencontre de marcheur, la tension baisse un peu.

Au bout d’une heure d’oscillation entre anxiété croissante et soulagement bref, le lac Consolation se laisse deviner au pied de parois verticales dégoulinantes de cailloux, dans un paysage plus impressionnant que charmant. Heureusement, la conversation d’une québécoise et de son chum Marcel vient égayer notre pique-nique. Pour le retour, nous cheminons un bon moment avec eux en échangeant sur les modes d’élevage des vaches en Suisse et au Québec, sur les voyages en cours, sur son séjour en Suisse lorsqu’elle a travaillé comme infirmière à Neuchâtel. Nous apprenons aussi que les tamias sont appelés petits suisses au Québec en raison de leurs rayures censées rappeler le costume des gardes du Vatican ! En nous quittant, la blonde de Marcel nous remercie de tous les souvenirs qui lui sont revenus de sa vie en Suisse. Nous les quittons remplies de reconnaissance et émues de ces moments d’échange si chaleureux. Il arrive que les rencontres prennent le pas sur les merveilles paysagères. A se demander si la présence des ours ne contribue pas à nous rapprocher de nos congénères !