La grande foire à Haines

Eté 2019

A Haines, quelque chose rend l’atmosphère légère et, comme lors de notre premier séjour il y a quatre ans, nous nous sentons juste bien sans rien faire de spécial. Le cadre contribue sans doute à l’atmosphère paisible de la ville qui s’est posée entre les bras d’un fjord et au pied de montagnes aux formes variées, dodues et vertes, découpées ou encore coiffées d’un glacier. De plus, les habitants demeurant majoritaires ici, les touristes se sentent accueillis en visiteurs.

Lorsque la caissière du supermarché s’inquète de savoir si nous allons aller à la « Southeast Alaska State Fair » et qu’elle nous fait part de son exaspération de ne pas pouvoir s’y rendre avant 15h30, nous comprenons que cette kermesse n’est pas une petite affaire. Sur place, le parking plein le confirme. Cependant, à l’intérieur de l’enceinte, la foule semble éparse en ce début d’après-midi. Nous effectuons un tour complet dont nous ressortons déçues et un peu désemparées. Des familles s’amusent autour de jeux vieillots et décatis, des animaux de ferme s’exposent tristement dans une grange, un petit train emmène quelques passagers sur des rails tracés à la peinture blanche sur la prairie, un groupe d’adolescentes joue aux acrobates accrochées à des tissus colorés, et, dans un bâtiment à l’écart, sont présentées des œuvres des membres de la communauté ayant été primées pour l’occasion (dessins d’écoliers, ouvrages en crochets, kilts, photographies et même des légumes). La première heure, nous déambulons un peu décontenancées, troublées par nos expériences de festival urbain, comme si nous avions oublié le charme des fêtes villageoises de l’enfance.

Puis, peu à peu, la magie opère, la bonne humeur ambiante nous gagne aussi. Nous sommes touchées par les efforts de cette communauté pour célébrer le vivre ensemble. Nous applaudissons avec eux le défilé de mode de ces filles et femmes émouvantes qui arpentent le podium avec professionalisme et fantaisie en portant fièrement leur modèle créé à partir de produits de récupération.

Sur un stand, nous nous intéressons au mouvement défendant « leur canal de Lynn » contre la pollution que va engendrer la prospection minière d’une entreprise australienne qui expose justement son projet à quelques pas.

Nous mangeons des bretzels sortis du four en nous promenant au milieu des gens en goguette. Nous finissons par suivre le mouvement et passons d’une scène musicale à l’autre pour écouter souvent de la bonne musique. Nous assistons au concours de chanteur compositeur dont le gagnant reçoit modestement 50 dollars avec le droit de se produire sur la grande scène, le deuxième et le troisième se voyant eux accorder 30 et 20 dollars.

Nous découvrons des talents locaux comme « JoJo et al », une célébrité à Haines, des groupes connus au niveau national comme les « Sweet Lillies » qui nous ont emballées et la très rock and roll « Lack Family » (parents avec leurs trois filles) qui tourne aussi dans le monde.

Nous sommes rentrées tard mais heureuses de cette journée joyeuse et animée.