Décembre 2018
Avec ses plages de sable blanc, ses eaux turquoises, son climat tropical, sa tranquillité, sa culture ancienne encore présente dans une architecture traditionnelle, l’île d’Ishigaki fait briller les yeux des Japonais à qui nous en parlons. Nous rêvons de ce séjour depuis longtemps, nous avons imaginé nos balades futures sur les plages ou dans la jungle de l’île voisine d’Iriomote, nous avons fantasmé sur les marchés, les mets à découvrir, les moments de vie paisibles à déguster.
Hélas, à notre arrivée, la mauvaise météo se confirme. Du ciel nous devinons, entre deux bourrasques, quelques reflets bleus des mers du sud entourant une terre de collines vertes foncé. Au sol, une pluie diluvienne nous accueille et rend presque périlleuse la conduite le long de bas-côtés inondés. En route, nous apercevons des plantations de canne à sucre et d’ananas, un bord de mer fugace, quelques maisonnettes dans des villages qui semblent se perdre dans la brume et aucun humain à l’exception des hommes en jaune nous éloignant des zones inondées.
Arrivées à l’hôtel, nous découvrons une chambre confortable avec vue sur la somptueuse baie démontée de Sukuji, un restaurant simple aux plats raffinés et une météo catastrophique pour la prochaine quinzaine. Heureusement que le pyjama à fleurs mis à notre disposition est ravissant !
Les jours suivants, après avoir décidé d’écourter notre séjour insulaire au profit d’un séjour à Kyoto, nous passons le temps à regarder la mer, à transporter du fauteuil au lit la grippe qui nous assaille, à tenter une promenade sur la plage le temps d’une éclaircie. Nous verrons quand même un bout de côte à l’occasion d’une visite médicale à l’autre bout de l’île.
Finalement, ce sont les repas qui constituent la grande aventure de notre séjour. Dans cet hôtel familial, nous observons avec intérêt les interactions au sein de familles japonaises en vacances. Ainsi, bien de nos préjugés sur les côtés réservés des gens tombent en cette fin d’année à Ishigaki. Nous voyons des enfants courir un peu partout, rire aux éclats pour quelques bêtises, des couples partager des moments de tendresse dans une complicité blagueuse, des familles se taquiner, bref, une ambiance joyeuse régner autour des tables. Beaucoup de gens promènent leurs pyjamas fleuris, peu importe que ce soit un enfant, une jeune femme, une grand-mère, un grand père ou un sportif aux bras noueux. Pour finir, nous attendons les repas non seulement pour les plats mais surtout pour les découvertes et surprises que nous dispensent les clients de l’hôtel.
Un matin la fièvre et la pluie se contenant, nous allons explorer le nord de l’île ; nous nous promenons sur la plage de la baie de Kabira et ses îlots de verdure et nous remontons un bout de rivière dans la mangrove.
Nous passons encore deux journées dans la « capitale » sous une pluie déferlante, dans une chambre minuscule en dormant sous la lessive qui peine à sécher dans l’humidité ambiante. La fermeture des deux petits musées de la ville nous contraint à chercher refuge dans le marché couvert animé et assez rustique ma foi, bien loin des images de propreté étincelante associée au pays. Lorsque la pluie se calme un tantinet, nous déambulons dans les ruelles têtes levées, à la recherche des sculptures expressives censées protéger les habitants du haut des toits.
Nous quittons Ishikagi la pluvieuse sans trop de regret pour aller célébrer le dernier jour de l’an à Kyoto.