À Nelson, nous contemplons la mer. Nous relevons les vents coiffant de blanc les vagues et engendrant creux et bosses. Nous profitons des nuances de gris et de bleu englobant, les rares jours de mauvais temps, les chaînes de montagne de l’autre côté de la baie de Tasman. Le soleil complice s’amuse des nuages et de l’eau pour créer des levers de jour oscillant entre rose pâle et jaune soufre, des lueurs crépusculaires variant de l’orange au pourpre, et pour faire éclater le bleu des mers du sud à midi.
Sur la terrasse face au havre de Nelson, nous suivons les activités nautiques rythmant la semaine avec ses jours de régates, de concours de natation, de cours sur Optimist ou sur planche à voile. Nos jumelles s’avèrent bien utiles pour observer le trafic des voiliers, des kayaks et des planches à voile, et pour surveiller le redressement des chavirages et la lutte des rescapés pour y parvenir.
Parfois, au coin de notre ponton d’observation, derrière les arbres, pointe un bateau pilote jaune et bleu qui nous signale un cargo encore dissimulé dans le port, mais s’apprêtant à en sortir. Nous savons alors que le spectacle va commencer. Presqu’à hauteur de nos yeux surgit lentement une masse impressionnante nous apparaissant tout à fait disproportionnée en regard du plan d’eau tout en longueur. Nous nous émerveillons du bal des remorqueurs guidant sans anicroche ce monstre dans le chenal étroit ouvrant sur la mer. D’autres fois, la vue d’un paquebot au loin nous prépare au plaisir de revoir toute cette chorégraphie fine dans l’autre sens. Un jour, le capitaine d’un remorqueur ajoute un peu de panache à la manœuvre en activant une sirène avant de faire tourner le bateau sur lui-même, le temps de dessiner une figure, un cœur peut-être ?
Les allers et venues des chalutiers, des chalands mytilicoles, des navires chargés de cargaisons de bois, de fruits ou de touristes reflètent les activités économiques de la région. La mondialisation s’expose avec des cargos japonais transportant, sous pavillon du Panama ou du Liberia, des automobiles sur une route maritime triangulaire : Japon, Australie et Nouvelle-Zélande. Ici, nous apprenons beaucoup, bien installées sur nos chaises.