Nous parcourons dix kilomètres sur une route étroite semblant flotter entre ciel et mer, attentives à éviter les moutons se prélassant sur la chaussée lorsque, soudain, en contrebas, apparaît la blancheur du phare de Rua Reidh se détachant sur le ciel gris de cette fin d’après-midi. Nous en explorons les environs, réalisant à peine que nous allons vraiment y séjourner. Tracy et Roger, informaticienne et physicien, heureux propriétaires actuels de ce lieu magique, nous accueillent un peu comme à la maison.

 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

 

Le lendemain matin, le soleil est là. Quelle fête ! Nous allons pouvoir tenter la longue balade prévue depuis quelques semaines à Genève. Nous nous lançons sur la lande, insouciantes pour l’instant du chemin à parcourir. Nous en explorons la végétation au ras du sol et photographions en gros plan les linaigrettes échevelées, les orchis, les mousses ou les fleurs de bruyère. Lorsque nous reprenons notre marche, nous réalisons rapidement que ce ne sera pas facile de se déplacer dans ce terrain pas très familier, en suivant quelques traces laissées par les moutons tout en veillant à rester éloignées des falaises. Toutefois, la beauté du paysage nous donne des ailes.

 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

 

C’est avec soulagement que nous trouvons un vrai chemin jusqu’à une ferme abandonnée où l’aventure commence. Une montée en zigzag sur une pente raide, recouverte de bruyère s’affaissant sous nos pas, nous amène à un sommet. Sur le plateau devant nous, en point de mire, des antennes nous indiquent l’emplacement de la route à rejoindre. C’est là que les difficultés de cette balade se sont dissimulées ! Nous devons nous familiariser avec la tourbe dans laquelle nos pieds s’enfoncent dangereusement, exercer notre patience et solliciter nos muscles pour sauter au-dessus des gouilles ou les contourner à la recherche d’une partie un peu moins boueuse. Seule la perspective du repas soigneusement préparé par Tracy nous fait encore avancer.

 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

 

Le dîner réunit une « swiss team » comme dit Roger, notre gardien de phare accueillant : nous échangeons nos impressions de balade avec une famille de Thoune et une enseignante genevoise. Lorsque nous questionnons Roger sur l’omniprésence plutôt sympathique des moutons en Ecosse, il nous explique que, à part quelques agneaux, ils ne sont pas élevés pour leur viande, ni pour leur laine de piètre qualité, mais pour les subsides versés par l’Union Européenne. Il ajoute qu’il espère que le Brexit mettra fin à cette surabondance de bétail exerçant à ses yeux une pression trop importante sur l’environnement.

Nous quittons le phare avec un autre regard sur ces animaux plutôt charmants et sur leurs crottes envahissantes.