Eté 2018

Nous roulons vers Lake Louise avec en tête une seule question, pourrons-nous réaliser le fantasme qui nous a ramenées ici : refaire la randonnée vers Parker Ridge ? A l’entrée du parc national de Banff, les bouchons nous font comprendre que cette fois-ci, l’émerveillement sur les sentiers risque bien de se partager à plusieurs ! Lorsque nous recevons un spray au poivre en même temps que la clé de la chambre et que nous découvrons la prévision de pluies pour les prochains jours, un certain doute s’installe. Les explications sur l’attitude à adopter en cas de rencontre et sur la manière d’utiliser le spray lorsque l’ours se trouve à une dizaine de mètres ne nous rassurent guère

Le lendemain matin, nous empruntons la route « Icefield Parkway » qui se faufile entre des chaînes de montagnes se laissant parfois deviner à travers le brouillard. Nous acceptons de ne rien voir des merveilles restées dans nos souvenirs depuis sept ans et nous nous accrochons à l’espoir d’un ciel plus clément pour notre randonnée. Hélas, parvenues sur place, une pluie fine et un vent glacial nous accueillent. Aussi continuons-nous jusqu’au « Icefield Center » où nous profitons d’acheter une polaire pour affronter la température ambiante. Nous y apprenons aussi avec soulagement l’absence actuelle des ours à cette altitude. C’est en buvant un café que nous patientons, tout en contemplant la masse de l’Athabaska sur lequel se devinent les autocars à glace transportant des touristes prêts à débourser une somme rondelette pour pouvoir rouler sur le glacier. Lorsque la pluie s’arrête, nous donnons encore une chance au temps de s’éclaircir en traversant la moraine jusqu’au pied du monstre.

Arrive le moment où nous ne pouvons plus tergiverser, nous décidons alors de monter vers Parker Ridge malgré le ciel plombé. Le long du chemin, les teintes vives des fleurs ont remplacé les couleurs pourpres de l’automne 2011. Au fur et à mesure de notre progression, le vent qui roule de l’arête vient bruler nos joues et secouer nos capuchons. Lorsque, le souffle court et le cœur battant, nous atteignons enfin la crête, pas de miracle : les sommets enturbannés de nuages ne nous offrent pas le spectacle espéré et nous devons nous contenter de la vue sur la longue langue glaciaire du Columbia.

Malgré la froidure et les bourrasques, nous parcourons le chemin de crête mais sans trop y croire. Soudain, au moment où nous nous étions résignées à redescendre, une tâche de soleil se déplaçant sur le glacier tout au fond de la vallée suscite un nouvel espoir. A force d’attendre, le paysage finit par s’installer dans son immensité. Aussi, en dépit de la température glaciale, nous prenons encore le temps de contempler ce panorama et d’en voler quelques images.

C’est avec allégresse que nous rejoignons la voiture et retrouvons la douceur des sièges chauffants pour le pique-nique revigorant. Finalement, indifférentes à la pluie frénétique qui nous accompagne jusqu’à Lake Louise, nous voyageons dans l’ivresse du succès de notre pèlerinage à Parker Ridge.