Eté 2019

Kennecott, un endroit qui, à lui seul, justifie notre périple.

Après quelques heures de route gravillonnée secouante et la traversée d’un pont piétonnier au-dessus de la rivière Kennecott tourbillonnante, la navette de l’hôtel nous prend en charge et nous dépose au paradis. L’imposant Mont Blackburn barre l’horizon et les bâtiments rouge sang de l’ancienne exploitation minière éclairent les collines de rochers recouvrant la langue glaciaire. En pension complète, il ne nous reste plus qu’à nous balader dans ce site incroyable où tout se trouve à portée de pieds : les sentiers de randonnée, un glacier accessible, un site historique incroyable où, dans un environnement très difficile, quelques 600 mineurs ont extrait le minerai de cuivre de la montagne jusqu’en 1938, que des ingénieurs et des ouvriers ont ensuite traité dans l’usine encore partiellement debout aujourd’hui.

Chaque matin, une longue randonnée nous amène son lot de surprises : sur la moraine, des prairies de fleurs à aigrettes blanches, sur la mousse, camouflée par les buissons, une bande de tétras canadiens en plein repas, sur les hauteurs, des restes des plateformes qui, dans les années 1930, voyaient encore passer les wagonnets en route vers l’usine et partout, des vues sur les sommets enneigés et les glaciers en cascade. Le temps passe vite et seules nos jambes fatiguées nous font rentrer vers la coursive de l’hôtel et un repas goûteux.

Chaque fin d’après-midi, nous pouvons parler à un « ranger », lui poser des questions sur l’état d’un sentier, sur l’identification d’une fleur ou d’un animal photographiés le matin, regarder un film sur l’histoire du site minier ou encore visiter les bâtiments et prendre connaissance des dures conditions de vie des travailleurs ici et des bénéfices incroyables aussi extorqués (100% de rendement).

Le soir, nous nous voyons attribuer des places pour le repas roboratif autour d’une table avec des conversations d’intérêt variable mais toujours surprenantes, que ce soit avec une famille parisienne, des couples de l’Indiana, de Chicago ou même des Pays-Bas. Et pour conclure la journée, il est encore possible d’assister à une conférence sur l’épopée de la construction de la voie de chemin de fer, à travers montagnes, rivières tumultueuses et glaciers ou sur l’histoire du tourisme dans la région depuis la fermeture des mines. Nous nous endormons sur tous les événements et émotions du jour.

C’est ici que nous entendons le plus parler de la Suisse. Sur chaque dépliant ou panneau explicatif et à chaque mention du Wrangell-St. Elias National Park dont fait partie Kennecott, il est mentionné que ce parc est plus grand que notre pays. Peut-être un compliment déguisé ?